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La petite derniere bandeau

 

LA PETITE DERNIÈRE

de Hafsia Herzi

Compétition officielle

 

Hafsia Herzi a éclos en tant qu’actrice chez Abdellatif Kechiche puis elle a tracé sa route derrière la caméra avec Tu mérites un amour et le très bon Bonne mère. Dans La petite dernière, on retrouve cet intérêt pour les personnages et plus particulièrement pour une jeune femme algérienne qui a du mal à assumer son homosexualité. Il s’agit finalement d’un récit initiatique, on la découvre avec ses camarades de lycée où elle bride ses désirs en sortant avec un garçon, puis va peu à peu explorer, maladroitement, faire des rencontres, aller à la fac, apprendre à s’assumer … du moins en partie. La force de la mise en scène est de coller à ce personnage, de scruter son visage à première vue impassible mais dans lequel on apprend à lire des nuances jusqu'à l’explosion finale magistrale de non-dits (Nadia Melliti est, à ce stade de la compétition, une forte candidate au prix d’interprétation féminine). Il y a de la subtilité dans des images qui préfèrent montrer que dire, dans des détails comme le rapport feutré à la religion (qui sera plus explicité dans une scène centrale où la souffrance retenue de Melliti est brillante) ou le fait de mentir sur ses origines lors des premières rencontres, carapace jamais explicitée que l’on comprend peu à peu. Découverte du désir, du corps, des sentiments, La petite dernière signe ici sa grande première.

Drame  |  1h46

Avec Nadia Melliti, Ji-Min Park, Louis Memmi

Appréciation : 4,5/5

 

Eddington bandeau

 

EDDINGTON

de Ari Aster

Compétition officielle

 

Ari Aster est un des derniers réalisateurs très prometteurs à avoir émergé aux États-Unis. Hérédité impressionnait, Midsommar était un coup de massue, et Beau is afraid prenait des allures plus personnelles et hallucinées. Aster retrouve dans Eddington Joaquin Phoenix (à qui il adjoint Pedro Pascal et Emma Stone) en shérif de la petite ville d’Eddington dans le Nouveau-Mexique. Énervé par le port du masque de la crise COVID, il veut candidater au poste de maire occupé par un homme un peu plus progressiste. Cette première partie se veut être une grosse satire des États-Unis de la fin de pandémie, les théories du complot farfelues et les manifestations Black lives matter achevant de diviser la population déjà fragilisée par la crise. Le cinéaste se moque de tous ces gens avec une certaine facétie, un humour noir bienvenu attaque les réseaux sociaux comme les manipulations politiques. Tout ceci dans un cadre qui évoque le western contemporain, petite ville de la frontière mexicaine où se font face shérif et maire. Dans un second temps, suite à un certain événement, la tonalité bascule vers le film noir désespéré où tout n’est plus que violence et vengeance, jusqu'à culminer dans une fusillade finale hilarante d’outrance et de noirceur. Ce n’est peut-être pas le meilleur film de son auteur mais c’est une satire décapante qui réjouit par sa vision pessimiste de l’ultra-contemporanéité.

Comédie, Thriller, Western  |  2h25

Avec Joaquin Pheonix, Pedro Pascal, Emma Stone

Appréciation : 4/5

 

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SONS OF THE NEON LIGHT

de Juno Mak

Hors compétition - Séance de minuit

 

La séance débute avec 30 minutes de retard pour un film de plus de deux heures, ce qui pour une séance de minuit en plein festival ne rend pas le visionnage facile. Nous voyons tout de même arriver le réalisateur et les acteurs principaux sous les applaudissements et débute alors un film de gangsters à l’ambiance noire, en témoigne une première scène de grosse fusillade au sein d’un quartier chinois. L’action est brutale et explosive bien que les effets spéciaux numériques laissent un peu à désirer. Mais passée cette introduction, les choses se compliquent : il y a plusieurs personnages, l’intrigue éclate et finit par être très difficile à suivre malgré quelques empoignades et fusillades qui rythment l’expérience. Il est question de guerre de gangs sur fond de trafic de drogue couvert par une entreprise pharmaceutique mais difficile de rentrer plus dans le détail. Peut-être gagnerait-on à le découvrir l’esprit plus clair ?

Action, Policier, Thriller  |  2h12

Avec Takeshi Kaneshiro, Louis Koo, Tony Leung Ka Fai

Appréciation : 2,5/5

 

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BONO: STORIES OF SURRENDER

de Andrew Dominik

Séance spéciale

 

Installés dans la salle, nous voyons Bono, chanteur de U2, arriver sur le tapis rouge au son de ses chansons. L’artiste vient présenter ce documentaire, réalisé par Andrew Dominik, adapté de ses mémoires. Il va y revenir sur son enfance, sa rencontre avec les membres du groupe, sa relation avec son père, le succès, sur une scène où il se raconte, accompagné d’une violoncelliste et d’une harpiste. Ainsi, le film prend la forme d’un one-man show agrémenté d’astuces de montage pour dynamiser l’ensemble et marquer un certain chapitrage rythmé par des reprises de chansons de U2 tronquées pour coller au récit. L’artiste y est tout à tour grave et enjoué, faisant preuve d’un humour et d’une théâtralité propres à agripper le spectateur. La photographie noir et blanc jouant énormément sur les contrastes et créant des ombres peut par moment rappeler Blonde réalisé par le même cinéaste. Bono prévient également que le projet tient d’un certain nombrilisme, mais on peut objecter que le fait d’en avoir conscience et de le dire ne rend pas la chose moins vraie. Les fans seront contents mais le film a-t-il la capacité de réellement dépasser ce cercle ? A voir. A la fin du film, le chanteur fait faire ses vocalises au public, et remercie longuement ses équipes, rappelant les origines du festival de Cannes pour les placer en écho à l’actualité. Afin de faire résonner One love avec le futur.

Documentaire, Musical  |  1h27

Avec Bono

Appréciation : 3,5/5

 

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L'INCONNU DE LA GRANDE ARCHE

de Stéphane Demoustier

Un certain regard

 

Stéphane Demoustier nous avait séduits avec La fille au bracelet et Borgo, il part aujourd'hui dans un autre registre : la reconstitution historique. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la construction de la grande arche de la Défense dans les années 1980 sous la présidence de François Mitterrand. Un architecte danois est choisi sur un concours mais personne ne sait qui c'est puisqu’il n’a jusque là construit que quatre églises et sa propre maison. Cette situation initiale est propice à des situations savoureuses et drôles, à l’image de toutes celles qui font intervenir le président incarné par Michel Fau, jouant d’une certaine nonchalance. Le film est principalement constitué de discussions techniques entre l’architecte, le maître d’œuvre (impeccablement campé par Swann Arlaud) et un conseiller du président faussement suave, le tour de force étant que celles-ci restent toujours compréhensibles et agréables à suivre. Un échange entre l’artiste passionné aux projets démesurés, le technicien plus terre-à-terre et le financier/politique qui met en lumière les dynamiques de pouvoir dans la création de ce type d’ouvrage, sans jamais perdre le spectateur. Finalement, ce sont les jeux de la politique politicienne qui mettent le plus de bâtons dans les roues de ce projet pharaonique, en témoigne la scène de changement de gouvernement marquant la cohabitation avec Alain Juppé. La mise en scène propose également quelques idées comme ce ratio d’image carré qui évoque bien sûr la forme de l’architecture finale mais aussi quelques plans visant un certain gigantisme comme la carrière de marbre de Carrare ou le chantier de l’arche. Et ces rapports de force entre les personnages pour un projet architectural peuvent également trouver écho dans la création d’un film.

Drame  |  1h45

Avec Claes Bang, Sidse Babett Knudsen, Michel Fau

Appréciation : 4/5

 

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LE MYSTÉRIEUX REGARD DU FLAMANT ROSE

de Diego Cespedes

Un certain regard

 

C’est le premier long-métrage de Diego Céspedes et on peut dire que le cinéaste chilien a son univers. L’histoire se déroule au début des années 1980 dans un petit village minier. Un groupe de travestis homosexuels vit dans un petit cabaret et a recueilli une jeune adolescente. Ce contexte sert un scénario qui va mêler un certain réalisme social à une approche plus théâtrale et fantasmatique puisqu’une légende court : les mineurs qui croiseraient le regard de ces travestis mourraient d’un mystérieux mal (une scène volontairement kitsch illustre ce procédé). Évidente allégorie de l’épidémie de sida et des préjugés qui visaient les homosexuels, ce mythe contribue à créer un folklore dans lequel chaque travesti porte le nom d’un animal, dans lequel vie et mort se côtoient, amour et rejet, sperme et sang. Cet élan s’appuie également sur un decorum de western, genre éminemment masculin, en faisant de ce hameau désertique, de sa violence éparse, et de ses mineurs rustres des archétypes d'un genre quasiment révolu. Au milieu de tout cela il y a quand même du positif puisque la jeune adolescente trouve sa place auprès d’un ami, des couples et des mariages se forment, la dynamique du groupe de travestis reste indéfectible dans son esprit de corps. Le regard mystérieux du flamant rose n’est finalement pas si dangereux quand on apprend à le connaître.

Drame  |  1h44

Avec Tamara Cortes, Matías Catalán, Paula Dinamarca

Appréciation : 3/5

 

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DALLOWAY

de Yann Gozlan

Hors compétition - Séance de minuit

 

Yann Gozlan s’illustre dans le thriller depuis ses débuts. On l’a vu mettre en scène François Civil dans Burn-out, Pierre Niney dans Un homme idéal et Boîte noire, Diane Kruger dans Visions, le voici arriver pour son nouveau projet avec Cécile de France (et la voix de Mylène Farmer pour un personnage). Clarissa est écrivaine dans une résidence d’artistes et est aidée par son intelligence artificielle domestique Dalloway … jusqu'au jour où celle-ci semble de plus en plus intrusive et inquiétante. C’est donc un deuxième film à aborder l’intelligence artificielle dans ce festival après Mission impossible mais cette fois sous l’angle du thriller. En effet, cette intrigue numérique est traitée de manière paranoïaque (est-elle observée ?) sans pour autant oublier de s’intéresser à la vie personnelle de son personnage rongé par une culpabilité qui va nourrir la relation ambiguë avec Dalloway. La chambre à soi que défendait Virginia Woolf devient ici lieu de claustration et de cauchemar. A noter une direction artistique élégante, se plaçant dans un futur proche parisien où l’aménagement architectural et technologique tente de créer une bulle de confort dans un monde qui ne s’améliore pas (des bulletins d’information nous apprennent que le réchauffement climatique et la question des migrants sont toujours d’actualité). Dommage que de petites longueurs viennent un peu alourdir l’ensemble, peut-être qu’une quinzaine de minutes en moins auraient permis de fluidifier le métrage.

Drame, Thriller, Science fiction  |  1h50

Avec Cécile de France, Lars Mikkelsen, Anna Mouglalis

Appréciation : 3/5

 

Sirat bandeau

 

SIRĀT

de Óliver Laxe

Compétition officielle

 

Lors de la montée des marches de l’équipe, la seule indication que nous aurons sur le film est qu’il s’agit d’un “road-movie spirituel”. Difficile de savoir exactement à quoi s’attendre. La scène d’ouverture montre une rave party en plein désert, une masse indifférenciée pulsant au rythme de basses techno. Puis surgit le personnage incarné par Sergi Lopez accompagné de son fils, deux étrangers au milieu des fêtards distribuant des papiers. On apprend qu’il est à la recherche de sa fille et va se greffer à l’un des groupes présents sur place dans l’espoir de la retrouver. S’engage alors une fuite en avant parmi un groupe de marginaux, nomades à travers un désert africain vivant dans un camion en quêtes de sons. Le film devient errance à travers les paysages arides, déplacements planants accompagnés de nappes musicales électroniques, comme pour mieux hypnotiser le spectateur. Le groupe parle un peu espagnol, un peu français, nul moyen de savoir d’où ils viennent, ils sont dans cette espèce de voyage qui semble sans fin, seulement ralenti par les routes cahoteuses et d’autres obstacles plus surprenants et brutaux, ruptures de ton marquées dont nous ne révèlerons pas la teneur ici. Cette errance tente parfois de se transcender en s’arrêtant pour danser au rythme assourdissant de la techno, les corps deviennent alors vecteurs de transe, expérience sensible et sensorielle de l’abandon. Pour mieux accepter les cahots du destin ou pour s’en absenter ? La fin ouverte vous laissera y songer. Après les rave parties, les rêves sont-ils partis ?


Drame  |  2h

Avec Sergi López, Bruno Núñez, Jade Oukid

Appréciation : 3,5/5

 

Dossier 137 bandeau

 

DOSSIER 137

de Dominik Moll

Compétition officielle

 

Nous avions découvert Dominik Moll avec Harry un ami qui vous veut du bien au début des années 2000, il a récemment continué à creuser la veine du thriller avec Seules les bêtes à propos des arnaques à l'amour sur internet et La nuit du 12 inspiré d’un fait divers de féminicide. Ici, on explore le contemporain en se focalisant sur l’enquête de l’IGPN sur un gilet jaune ayant pris un tir de flashball (inspiré de faits réels). C’est Léa Drucker qui campe cette membre de la police des polices, cherchant à tirer au clair cette affaire. Une recherche indéfectible de vérité, qui doit tirer au clair le témoignage des victimes, trouver des preuves, entendre les policiers impliqués, un travail de longue haleine méticuleusement retranscrit par une mise en scène juste qui sait faire place au régime d’image de ce siècle : le téléphone portable et son rôle dans la restitution du réel. Une enquêtrice qui jamais ne doute, quand son fils lui dit que “personne n’aime la police”, quand son ex-mari lui aussi policier la déconsidère, quand ses collègues impliqués nient les faits devant les preuves, quand un témoin refuse de parler parce que “quand c'est des Noirs et des Arabes personne ne bouge”. Oui mais voilà : malgré cette implication totale, le système est vicié et des bâtons seront toujours mis dans les roues. Une lueur de vérité ne peut triompher d’un océan de mensonge. L’écriture convainc dans un thriller qui nous parle de notre société, de ses bons éléments et de ses corruptions : voilà où nous en sommes, que faire ?


Policier  |  1h55

Avec Léa Drucker, Guslagie Malanda, Dorothée Martinet

Appréciation : 4/5

 

Sound of falling bandeau

 

SOUND OF FALLING

de Mascha Schilinski

Compétition officielle

 

Le précédent film de Schilinski n’étant pas sorti en France, on ne sait trop à quoi s’attendre en arrivant devant Sound of falling. Et force est de constater que l’approche n’est pas évidente. L’histoire se déroule dans un petit village rural allemand sur une centaine d’années, il n’y a jamais la moindre indication temporelle à l’écran ou dans la mise en scène ce qui rend cela difficile à comprendre, d’autant plus que le récit fait des allers-retours entre les époques sans réellement prévenir. On y suit plusieurs personnages féminins qui subissent des violences ou des humiliations mais tout est très cryptique et confus, en résulte une galerie de portraits doloristes qui pourraient donner lieu à un film sur la domination masculine … si seulement on y comprenait quelque chose. C’est d’autant plus dommage que l’image et le son font preuve d’un réel travail, entre une sorte de teinte sépia mordorant une jolie photographie mettant en valeur des plans construits. Le son intervient par moments avec des grondements, des grésillements, qui ajoutent quelque chose à l’ambiance. Pour le reste, c’est une succession de scènes tantôt anecdotiques tantôt portées sur un malaise créé par une violence ou un décalage qui finissent par se mélanger et dont on ne sait plus trop quoi distinguer.


Drame  |  2h39

Avec Hanna Heckt, Lena Urzendowsky, Laeni Geiseler

Appréciation : 2/5

 

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MISSION: IMPOSSIBLE - THE FINAL RECKONING

de Christopher McQuarrie

Hors compétition

 

Le voici donc le chapitre final de Tom Cruise dans Mission impossible après 30 ans de service ! Ce volet fait suite à Dead reckoning qui installait sa menace principale, l’intelligence artificielle appelée l’Entité, pour mieux permettre la conclusion qui arrive. Le début du film est consacré à un rapide rappel des faits pour ceux qui auraient oublié (ou n’auraient pas vu) le précédent. Le scénario déroule les attendus du genre entre menace mondiale (avec supplément tragédie dans celui-ci), mcguffins et bombe à désamorcer, mais n’oublie pas les touches d’humour que l’on apprécie ainsi que des clins d’œil aux volets précédents pour boucler la boucle. Et qui dit conclusion dit grands enjeux et nombreux personnages, ce qui est à la fois une force mais aussi un peu une faiblesse puisque la première partie du film est très bavarde et avance avec un certain embonpoint. Cependant, Tom Cruise et son équipe sont toujours là et les moments épiques également, comme une scène dans un sous-marin esthétiquement assez réussie et la scène d’action aérienne vendue dans les bandes-annonces qui constitue sans doute la cascade la plus impressionnante de toute la saga, virtuosité du danger qui parvient à nous estomaquer encore après toutes ces années. Tom Cruise est sans doute la dernière grande star d’action hollywoodienne et il en a conscience, se mettant en scène en prophète du réel luttant contre une intelligence artificielle semant la paranoïa et préparant une troisième guerre mondiale (tout écho à notre société serait évidemment fortuit). Alors certes, le film se traîne un peu au début mais il offre malgré tout une conclusion grandiose et une scène d'action assez inouïe pour nous faire dire que, décidément, Mission impossible est une saga à part qui manquera au cinéma.

Action, Espionnage, Thriller  |  2h49

Avec Tom Cruise, Hayley Atwell, Simon Pegg

Appréciation : 4/5

 

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DEUX PROCUREURS

de Sergei Loznitsa

Compétition officielle

 

Sergei Loznitsa est connu pour ses documentaires et ses fictions sur la situation en Ukraine et dans le Donbass. Arrivée dans la salle sous l’acclamation du public, l’équipe s’installe et commence donc un film qui revient un petit peu en arrière dans l’histoire de la région puisqu'il se déroule en 1937 dans l’URSS de la terreur stalinienne. Le film travaille son esthétique en écrasant son cadre et en composant des images aux couleurs désaturées côtoyant le noir et blanc, avant de partir vers les marrons. L’idée est de rendre compte de l’enfermement, d’un état d’esprit général non propice à un développement positif, ainsi que d’un système absurde qui isole les individus dans l’image. On peut bien sûr penser à Kafka dans cet amoncellement d’obstacles infranchissables qui nuisent à tout un chacun. Dans ce scénario, un jeune procureur doit plaider pour un prisonnier auprès d’un procureur général. Le film se scinde en deux parties : essayer d’approcher le prisonnier et essayer d’approcher le procureur. Une structure qui se répète pour mieux mettre en avant la raideur bureaucratique installée pour saper toute volonté d’opposition politique. Ainsi, la trajectoire du personnage principal en quête de vérité ne revient qu’à confronter des murs de mensonge qui ne céderont pas. Seule une scène humoristique vient briser cet enfer de l’impossible mais il s’agit évidemment d’un rire cynique. Le rythme est quant à lui lent, caractéristique nécessaire pour créer ces sensations désagréables de cauchemar sans fin, mais une séance tardive ne permet donc peut-être pas d’avoir l’esprit suffisamment alerte pour profiter de tout.

Drame, Historique  |  1h58

Avec Aleksandr Kuznetsov, Aleksandr Filippenko, Anatoliy Belyy

Appréciation : 3,5/5

 

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PARTIR UN JOUR

de Amélie Bonnin

Hors compétition - Film d'ouverture

 

Amélie Bonnin réalise ici son premier long-métrage, adapté de son propre court, et a l’honneur (et le poids) d’ouvrir le festival après une cérémonie qui a fait la part belle aux invités de marque. Elle met donc en scène l’histoire de Cécile, qui est sur le point d’ouvrir son restaurant gastronomique, obligée de rentrer dans le village de son enfance où elle va recroiser un amour de jeunesse. La particularité, on le remarque très vite, est que le film contient des scènes musicales. Celles-ci reprennent des chansons de la variété française en adaptant les paroles et la musique pour intervenir dans le scénario et donner voix aux émotions des personnages. Là où l’interprète principale, Juliette Armanet, s’en tire de par son activité de chanteuse, le reste du casting est plus inégal quand il faut pousser la chansonnette. Ces chansons rythment une histoire mélodramatique, au sens premier du terme, puisque il en va des déconvenues amoureuses de Cécile ainsi que de ses espoirs. La mise en scène recèle quelques idées qui fonctionnent comme ce flashback à la patinoire mais du point de vue de l’écriture il y a plus de réserve. En effet, les personnages paraissent trop écrits pour faire scénario si bien que la crédibilité de l’histoire s’étouffe peu à peu. Qui plus est, les personnages masculins sont très archétypaux et tout passe par le dialogue pour appuyer leur médiocrité très peu nuancée. Peut-être aurait-il fallu avoir la main plus légère sur cet aspect, y apporter quelques subtilités, afin de rendre le tout plus digeste. Une mention honorable est à donner pour Bastien Bouillon qui délivre quelques nuances dans un personnage assez épais.

Comédie dramatique  |  1h38

Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin

Appréciation : 2,5/5

 

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L'INTÉRÊT D'ADAM

de Laura Wandel

Semaine de la critique - Film d'ouverture

 

Nous avions découvert Laura Wandel avec son premier film il y a 3 ans, Un monde qui abordait le harcèlement scolaire en huis-clos à hauteur d’enfant. Ici, elle retrouve une partie de la radicalité de ce dispositif en plaçant l’enfermement de ses personnages dans un hôpital. Adam est un jeune enfant en soins pour malnutrition, sa mère veut rester avec lui les nuits bien que la justice ne soit pas du même avis, une infirmière essaie de l’aider. Tout le carcan du film tient sur cette situation. Dans un style réaliste, sans musique, le film articule cette confrontation comme un duel de femmes, dans un montage efficace, où travaille une dialectique qui devra être dépassée pour avancer. Mais dans quelle direction ? Adam a-t-il besoin d’une mère qui ne sait pas vraiment comment l’aimer ou d’une étrangère qui connait les moyens de l’aider ? Thriller étouffant où le blanc blème et la lumière blafarde de l'hôpital ne sont interrompus que par deux scènes en extérieur où le noir de la nuit enveloppe les personnages, le film tente constamment de délimiter la zone d’intérêt d’Adam. Mais est-ce seulement possible ? N’est-ce pas un moyen d’achever de perdre les personnages qui tenaient encore bon ? Une porosité opère entre la tête brûlée et la lueur d’espoir, brillamment incarnées par Léa Drucker et Anamaria Vartolomei, tout en culminant dans une scène d’émotion brute où le sort de l’enfant est propice à un potentiel basculement des mentalités. Un petit film bien loin d’être dénué de qualités.

Drame  |  1h13

Avec Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Alex Descas

Appréciation : 4/5

 

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